mercredi 19 septembre 2018

93. IGOR

Le signal. Ça y est, ça va être à nous. Stanislas est à ma droite. Pourquoi suis-je si copain avec lui ? Parce que c'est le gars chargé du lance-flammes. Si je ne veux pas me prendre par erreur un jet d'essence enflammée, autant rester à côté de lui. Ma volonté de survivre décide désormais de mes amitiés. Mon expérience avec Vania m'a appris à ne pas choisir mes amis pour ce que je peux leur apporter mais pour ce qu'ils peuvent m'apporter, eux. Fini la pitié, seul compte l'intérêt.
J'examine de nouveau à la jumelle notre objectif, la crête.
- Ça ne va pas être du gâteau, dis-je encore à Stanislas.
- Je ne crains rien, répond-il, j'ai un ange gardien qui me protège. Un ange gardien...
   - Ouais. Tous nous en avons un mais beaucoup oublient de l'invoquer lorsqu'ils en ont besoin. Moi, je n'oublie pas. Avant de me lancer à l'attaque, je l'appelle et je me sens protégé.
   Il sort un médaillon doré orné d'un ange toutes ailes déployées et y appose les lèvres.
- Saint Stanislas, dit-il.
   Moi, sur le médaillon que j'ai au cou, il y a un portrait de mon père mais si je le retrouve, ce ne sera pas pour le bénir. J'avale une rasade de vodka pour me réchauffer. J'introduis dans mon baladeur une cassette qui donne la pêche. Pas une de ces musiques décadentes occidentales mais une composition classique bien de chez nous qui fleure bon l'âme slave : Une nuit sur le mont Chauve. Ça tombe bien car, là-haut, sur ce mont chauve tchétchène, ça va être leur nuit.

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