-
Donc tu es un « ange
», rectifie Edmond
Wells.
-
Je m’étais
toujours figuré les anges avec une auréole sur la tête et de
petites ailes dans le
dos.
-
Cette image toute
faite a des origines anciennes. L’auréole
est une
déclinaison de la plaque de métal dont les Romains entouraient
les statues des saints chrétiens afin de les protéger des fientes
des oiseaux. Quant aux petites ailes dans le dos, elles remontent à
une tradition mésopotamienne qui signalait par
ses
appendices
dorsaux
tout
ce
qui
était
considéré
comme
relevant
du
monde
supérieur.
Il
y
avait
ainsi
des
chevaux,
des
taureaux
des
lions
ailés…
-
Qu’est-ce que cela
change d’être un ange
?
Je regarde ma main. Un halo irisé que je n’avais pas encore
remarqué cerne mon corps d’une lueur bleu marine.
-
Les modifications
physiques ne sont pas ce qu’il y a de plus important, reprend
Edmond
Wells,
ce
nouvel
état
modifie
d’abord
ton
regard
sur
les
êtres
et les
choses.
Edmond Wells m’explique un peu mieux ce que sera mon nouveau
métier. Trois âmes incarnées dans des humains me seront confiées.
À moi de me débrouiller pour que l’une au moins évolue jusqu’aux
600 points, devienne un
« 6 » et sorte ainsi du cycle des réincarnations. Mon travail
consistera à suivre, aider et
accompagner ces
trois vies
de terriens.
À leur
décès, je
serai là
pour leur servir
d’avocat lors de la pesée devant les trois
archanges.
-
Comme Émile Zola l’a
fait pour moi tout à l’heure ? Edmond Wells
approuve.
-
Grâce à cette
réussite, Émile Zola a pu passer au niveau supérieur d’évolution
des
anges.
Je comprends maintenant pourquoi Émile Zola s’est montré aussi
opiniâtre face à mes juges et s’en est allé ensuite plein
d’enthousiasme.
-
Quel est ce « niveau
supérieur d’évolution des anges »
?
Mon mentor me signale qu’à chaque étape franchie, je recevrai les
connaissances correspondantes. À moi de réussir d’abord ma
carrière d’ange si je veux être initié à un monde supérieur.
Tout en devisant, nous
avons atteint le bout du tunnel. Le pourtour de sa sortie
irradie du
même éclat
de diamant
bleu marine
que son
entrée. Devant
nous s’étend « le pays des anges
».
«
Les
anges
?
Non,
désolé,
je
n’y
crois
pas.
Ce
n’est
qu’affaire
de
mode,
tout ça.
Par moments, la mode est aux anges, à d’autres elle est aux
extraterrestres.
Ça donne
à réfléchir aux gens désœuvrés et superstitieux. Pendant ce
temps-là, ils oublient le chômage et la crise économique.
»
Source
: individu interrogé dans la rue au hasard d’un micro-trottoir.
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