mercredi 19 septembre 2018

68. ENCYCLOPÉDIE

VANUATU :



L'archipel de Vanuatu a été découvert au début du dix-septième siècle par les Portugais dans l'une des zones encore inexplorées du Pacifique. Sa population est constituée de quelques dizaines de milliers d'individus, régis par des codes particuliers.
    Il n'existe pas, par exemple, de concept de majorité imposant son choix à une minorité. Si les habitants ne sont pas d'accord, ils discuteront entre eux jusqu'à parvenir à l'unanimité. Évidemment, chaque discussion prend du temps. Certains s'entêtent et refusent de se laisser convaincre. C'est pourquoi la population de Vanuatu passe un tiers de ses journées en palabres afin de se persuader du bien-fondé de ses opinions.
    Lorsqu'un débat concerne un territoire, la discussion peut durer des années, voire des siècles, avant de déboucher sur un consensus. Entre-temps, l'enjeu restera en suspens.
    En revanche lorsque enfin, au bout de deux ou trois cents ans, tout le monde se met d'accord, le problème est véritablement résolu et il n'existera pas de rancœur car il n'y aura pas de vaincus.
    La civilisation de Vanuatu est d'ordre clanique, chaque clan appartenant à un corps de métier différent. Il y a le clan spécialisé dans la pêche, le clan spécialisé dans l'agriculture, la poterie, etc. Les clans procèdent entre eux à des échanges. Les pêcheurs offriront, par exemple, un accès à la mer en échange de l'accès à une source en forêt.
    Les clans étant spécialisés, lorsque naît dans un clan d'agriculteurs un enfant montrant des dons innés pour la poterie, il quittera les siens pour être adopté par une famille de potiers qui l'aidera à exprimer son talent. Il en ira de même pour un enfant de potiers attiré par le métier de la pêche.
    Les premiers explorateurs occidentaux ont été choqués en découvrant ces pratiques car ils s'imaginaient de prime abord que les habitants de Vanuatu se volaient leurs enfants les uns les autres. Or il n'y a pas là rapt, mais échange en vue de l'épanouissement optimal de chaque individu.
    En cas de conflit privé, les habitants de Vanuatu usent d'un système complexe d'alliances. Si un homme du clan A a violé une fille du clan B, ces deux clans n'entreront pas directement en guerre. Ils feront appel à leur " représentant en guerre ", c'est-à-dire à un clan extérieur auquel ils sont liés par serment. Le clan A aura ainsi recours au clan C et le clan B au clan D. Ce système d'intermédiaires jette dans la bataille des gens peu motivés pour s'étriper puisqu'ils ne sont pas directement concernés par les griefs des uns et des autres. Au premier sang versé, chacun préfère renoncer en considérant avoir rempli son devoir envers son allié. À Vanuatu, il n'y a ainsi que des guerres sans haine et sans acharnement par vaine fierté.

Edmond Wells,
Encyclopédie du Savoir Relatif et Absolu, Tome IV.

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