mercredi 19 septembre 2018

124. ENCYCLOPÉDIE

IDÉOSPHÈRE : Les idées sont comme des êtres vivants. Elles naissent, elles croissent, elles prolifèrent, elles sont confrontées à d'autres idées et elles finissent par mourir.
    Et si les idées comme les êtres vivants avaient leur propre évolution ? Et si les idées se sélectionnaient entre elles pour éliminer les plus faibles et reproduire les plus fortes comme dans le darwinisme ? Dans Le Hasard et la Nécessité, en 1970, Jacques Monod émet l'hypothèse que les idées pourraient avoir une autonomie et, comme les êtres organiques, être capables de se reproduire et de se multiplier.
En 1976, dans Le Gène égoïste, Richard Dawkins évoque le concept d'" idéosphère ". L'idéosphère serait au monde des idées ce que la biosphère est au monde des êtres vivants.
    Dawkins écrit : " Lorsque vous plantez une idée fertile dans mon esprit, vous parasitez littéralement mon cerveau, le transformant en véhicule pour la propagation de cette idée. " Et il cite à l'appui le concept de Dieu, une idée qui est née un jour et n'a plus cessé d'évoluer et de se propager, relayée et amplifiée par la parole, l'écriture, puis la musique, puis l'art, les prêtres la reproduisant et l'interprétant de façon à l'adapter à l'espace et au temps dans lesquels ils vivent.
    Mais les idées, plus que les êtres vivants, mutent vite. Par exemple le concept, l'idée de communisme, née de l'esprit de Karl Marx, s'est répandue dans un temps très court dans l'espace jusqu'à toucher la moitié de la planète. Elle a évolué, a muté, puis s'est finalement réduite pour ne concerner que de moins en moins de personnes comme une espèce animale en voie de disparition.
Mais en même temps, elle a contraint l'idée de capitalisme à muter elle aussi. Du combat des idées dans l'idéosphère surgit notre civilisation.
    Actuellement les ordinateurs sont en passe de donner aux idées une accélération de mutation. Grâce à Internet, une idée peut se répandre plus vite dans l'espace et le temps et être plus rapidement encore confrontée à ses rivales ou à ses prédatrices.
    C'est excellent pour répandre les bonnes idées, mais aussi pour les mauvaises, car dans la notion d'idée il n'y a pas de notion " morale ".
    En biologie non plus d'ailleurs, l'évolution n'obéit pas à une morale. Voilà pourquoi il faudra peut-être réfléchir à deux fois avant de répandre les idées qui " traînent ". Car elles sont plus puissantes désormais que les hommes qui les inventent et que ceux qui les véhiculent.
Enfin, c'est juste une idée...

Edmond Wells,
Encyclopédie du Savoir Relatif et Absolu, Tome IV.

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