mercredi 19 septembre 2018

186. UN INSTANT

Il était temps de rentrer au Paradis.
   Jacques, mon Jacques, vient de rencontrer Nathalie Kim, la Nathalie Kim de Raoul ! Pure coïncidence. Il n'y a pas que des hasards issus de volontés supérieures, il y a aussi de véritables hasards dus aux aléas de la vie.
   Nos œufs en main, Raoul et moi nous empressons de nous installer face à face pour observer la suite des événements. Nos écrans sphériques s'éclairent.
   - Ah, ces humains ! dit Raoul. Ce qui me navre le plus, c'est leur prétention à faire des couples. Les hommes et les femmes sont pressés de se mettre en couple alors qu'ils ne savent même pas qui ils sont. C'est souvent la peur de la solitude qui les y pousse. Les jeunes qui se marient à vingt ans sont comme des chantiers au premier étage d'un immeuble qui décideraient de s'élever ensemble, convaincus d'être toujours au diapason et que, lorsqu'ils parviendront au toit, des ponts se seront constamment établis entre eux. Or, les chances de réussite sont rarissimes. Voilà pourquoi les divorces se multiplient. À chaque passage, à chaque évolution de conscience, chacun estime avoir besoin d'un partenaire différent. En fait, pour bâtir un couple, il faut être quatre : un homme plus sa part de féminité, une femme plus sa part de virilité. Deux êtres complets ne recherchent plus chez l'autre ce qui leur manque. Ils peuvent s'associer sans fantasmer sur une femme idéale ou un homme idéal puisqu'ils les ont déjà trouvés en eux, déclame mon compagnon de célestitude.
   - Tu te prends pour Edmond Wells ? plaisanté-je. On commence par déclamer et on finit par écrire des encyclopédies, je te préviens.
Il se rengorge et fait semblant de ne pas avoir entendu ma remarque.
- Il se passe quoi, chez toi ?
- Ils parlent, ils discutent entre eux.
- Il est comment, ton Jacques ?
- Pas très frais. Il a un bandage autour de la tête.

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