mercredi 19 septembre 2018

134. ENCYCLOPÉDIE

DE L'IMPORTANCE DE PORTER LE DEUIL : De nos jours, le deuil tend à disparaître. Après un décès, les familles s'empressent de reprendre de plus en plus tôt leurs activités habituelles.
    La disparition d'un être cher tend à devenir un événement de moins en moins grave. La couleur noire a perdu ses prérogatives de couleur du deuil par excellence. Les stylistes l'ont mise à la mode en raison de ses vertus amincissantes donc chics.
    Pourtant, marquer la fin des périodes ou des êtres est essentiel à l'équilibre psychologique des individus. Là encore, seules les sociétés dites primitives continuent à accentuer l'importance du deuil. À Madagascar, lorsque quelqu'un meurt, non seulement tout le village interrompt ses activités pour participer au deuil, mais on procède à deux enterrements. Lors des premières funérailles, le corps est enterré dans la tristesse et le recueillement. Puis, plus tard, est organisée une cérémonie d'enterrement suivie d'une grande fête. C'est la cérémonie du " retournement des corps ".
Ainsi, sa perte est doublement acceptée.
    Et il n'y a pas que les décès. Il y a aussi les " événements de fin " : quitter un travail, quitter une compagne, quitter un lieu de vie.
    Le deuil constitue dans ces cas une formalité que beaucoup estiment inutile et qui pourtant ne l'est pas. Il importe de marquer les étapes.
    Chacun peut inventer ses propres rituels de deuil. Cela peut aller du plus simple : se raser la moustache, changer de coiffure, de style d'habillement, au plus fou : faire une grande fête, s'enivrer à en perdre la tête, sauter en parachute... Lorsque le deuil est mal accompli, la gêne persiste comme une racine de mauvaise herbe mal arrachée.
    Peut-être faudrait-il enseigner l'importance du deuil à l'école. Cela épargnerait sans doute à beaucoup, plus tard, des années de tourment.

Edmond Wells,
Encyclopédie du Savoir Relatif et Absolu, Tome IV.

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