mercredi 19 septembre 2018

155. ENCYCLOPÉDIE

TURING : Destin étrange que celui d'Alan Mathison Turing, né à Londres en 1912. Enfant solitaire à la scolarité médiocre, il est obsédé par les mathématiques qu'il porte à un niveau presque métaphysique. À vingt ans, il esquisse des ébauches de conceptions d'ordinateurs en les représentant le plus souvent comme des êtres humains dont chaque calculateur serait un organe.
    Lorsque arrive la Seconde Guerre mondiale, il met au point une calculatrice automatique qui permet aux Alliés de décrypter les messages codés par la machine " Enigma " nazie.
    Grâce à son invention, on sait dorénavant où sont prévus les prochains bombardements et des milliers de vies humaines seront ainsi préservées.
    Quand John von Neumann met au point aux États-Unis le concept d'ordinateur physique, Turing, lui, élabore le concept d'" intelligence artificielle ". En 1950, il rédige un essai qui fera référence : Les machines peuvent-elles penser ? Il a pour grande ambition de doter la machine d'un esprit humain. Il estime qu'en observant le vivant, il trouvera la clef de la parfaite machine à penser.
    Turing introduit une notion nouvelle pour l'époque et pour l'informatique, la " sexualité de la pensée ". Il invente des jeux-tests où le but est de distinguer un esprit masculin d'un esprit féminin. Turing affirme que l'esprit féminin se caractérise par l'absence de stratégie.
Sa misogynie ne lui vaut pas que des amis et explique qu'il soit quelque peu tombé dans l'oubli.
    Il entretient un fantasme pour l'avenir de l'humanité : la parthénogenèse, c'est-à-dire la reproduction sans la fécondation. En 1951, un tribunal le condamne pour homosexualité. Il doit choisir entre la prison et la castration chimique. Il opte pour la seconde et subit un traitement à base d'hormones féminines. Les injections ont pour effet de le rendre impuissant et de le doter d'un début de poitrine.
    Le 7 juin 1954, Turing met fin à ses jours en consommant une pomme macérée dans du cyanure. Cette idée lui aurait été inspirée par le dessin animé Blanche-Neige. Il laissa une note expliquant que, puisque la société l'avait contraint à se transformer en femme, il choisissait de mourir comme aurait pu le faire la plus pure d'entre elles.

Edmond Wells,
Encyclopédie du Savoir Relatif et Absolu, Tome IV.

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