mercredi 19 septembre 2018

180. LA BATAILLE DE L'ARMAGEDDON 2.

Les âmes errantes nous submergent. Comme nous l'avons fait autrefois avec les Incas, nous tentons de comprendre leur douleur afin de les réconforter, mais ces âmes ne semblent même pas capables de sentir notre compassion. Après une première charge pour tester notre résistance, elles se regroupent pour un deuxième assaut.
   - Cette fois l'empathie ne suffira pas, confirme Raoul. Il nous faut une arme plus puissante.
Freddy Meyer étudie la situation et lance :
   - L'amour ! Utilisons l'amour. Comme des enfants battus, ils ne sont pas accoutumés à être aimés. Comme des enfants battus, ils continuent à faire des bêtises après avoir reçu une rossée parce que ça leur est égal et que c'est leur mode de vie habituel. Comme des enfants battus, si nous les aimons, ils seront désarçonnés.
   Raoul, Freddy, Marilyn et moi, nous nous serrons les uns contre les autres. Nos paumes s'illuminent. Le rayon de lumière jaillit de nos mains droites (sauf pour Marilyn qui est gauchère) et nous sommes prêts à arroser de tout notre amour la cohorte des fantômes.
- Chargez ! ordonne Igor.
   Ils se précipitent en rangs serrés. Nous abaissons nos rayons de lumière d'amour comme des lances et, en effet, notre amour les déconcerte. Ils se figent. L'effet de surprise est total. Certaines âmes nous rejoignent et nous n'avons plus qu'à les laisser entrer en nous pour les relancer vers le Paradis où elles reprendront leur cycle de réincarnations. Nous en piégeons ainsi une dizaine.
   Igor commande le repli. Les fantômes se regroupent et décident de mettre au point leur propre arme pour contrecarrer notre amour : la haine.
   En bon stratège, Igor place les âmes errantes les plus enragées à la pointe de l'offensive. Nous dardons nos épées d'amour et de lumière pour résister à l'assaut de leur haine. Ils unissent toutes leurs rancœurs, tous les souvenirs des souffrances de leur dernière existence pour produire des rayons verts de haine pure qui ferraillent âprement contre nos rayons bleus d'amour.
   Ils sont coriaces. Nous sommes obligés de réunir quatre tirs d'amour pour venir à bout d'une seule lance de haine. La bataille est acharnée. Nous reculons sous les coups des rayons verts, mais déjà Igor organise l'offensive suivante.
- Il nous faut une autre arme défensive, dit Raoul, sinon ils finiront par nous atteindre avec leur haine.
Pour une fois, ce n'est pas Freddy mais moi qui propose le premier.
   - L'humour. L'amour pour épée, l'humour pour bouclier. Les fantômes sont déjà sur nous quand, sur un signe de moi, nous matérialisons par l'esprit des boucliers d'humour que nous empoignons vigoureusement de nos mains gauches (sauf Marilyn Monroe qui pour la raison déjà indiquée se sert de sa main droite). Cette fois, leur haine ne nous touche pas, déviée par nos boucliers. Tandis que notre amour leur taille des croupières, cinquante âmes errantes parmi les plus féroces s'enfournent dans le vortex du Paradis. Marilyn Monroe reprend
espoir. Elle clame à tout va ce qui deviendra notre nouveau cri de ralliement :
- L'amour pour épée, l'humour pour bouclier !
   Igor sonne la retraite. Aussitôt, les êtres d'ombre s'assemblent autour de lui pour décider quelle sera l'arme qui contrera notre humour : la moquerie.
Leur devise est désormais : La haine pour épée, la moquerie pour bouclier.
- À l'assaut ! crie Igor. Ils chargent.

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