mercredi 19 septembre 2018

156. VERS LA GALAXIE VOISINE


   Si l'enjeu de tout notre œuvre d'ange est de lutter contre l'ignorance, je ne vois plus ce qui me retient de partir explorer une autre galaxie. Cela m'a pris d'un coup. Je savais que mes trois acolytes allaient bientôt entreprendre le voyage, je les ai rejoints au dernier moment.
   Tant pis si je me fais mal voir d'Edmond Wells. Tant pis si je me plante avec ces clients qui sont censés être mon reflet. Je m'assume. Je suis moi aussi un transgresseur et je paierai le prix qu'il faudra pour ne pas terminer ignorant.
   Formation en losange. Nous nous regroupons, Raoul, Freddy, Marilyn Monroe et moi. Inutile de nous lancer dans de nouvelles discussions, cette fois nous savons que nous partons pour la grande grande grande aventure.
   Une autre galaxie ! Pour la première fois, des âmes humaines sortiront de leur galaxie natale !
   Christophe Colomb, Magellan et Marco Polo n'ont qu'à bien se tenir. Leurs exploits ne sont que des promenades par rapport à notre odyssée. Je piaffe d'impatience. Je sais que mes clients ne pourront pas me contacter pendant mon périple, mais tant pis.
   - Les enfants n'ont qu'à se débrouiller seuls, les parents partent en vacances, déclare Raoul. Allez... en avant pour de nouvelles aventures.
   Nous quittons le Paradis et nous nous élançons dans le cosmos. Nous croisons des milliers d'étoiles avant de parvenir à la périphérie de notre Galaxie. Là, Freddy nous invite à nous retourner pour la contempler comme les premiers astronautes ont découvert la Terre. Avec un peu de distance.
Fantastique.
   La Voie lactée forme une spirale à cinq bras qui tourne sur elle-même. Au centre, le bulbe renferme le noyau lui-même percé du nombril du Paradis. Autour, le disque et son cortège de poussières. Persée, le bras le plus extérieur, n'en finit pas de s'enrouler. Le bras le plus rapproché, le Cygne, effleure presque le noyau. 100 000 années-lumière de diamètre et 5 000 années-lumière d'épaisseur, c'est vraiment " grand ".
   Freddy nous indique une petite étoile proche du bras spirale majeur, ce petit point éloigné de la boursouflure centrale, c'est le soleil des Terriens. Songer que c'est sous cette infime lueur que mes clients sont en train de se débattre relativise bien des choses...
   Nous mettons le cap sur la galaxie la plus proche, Andromède. Nous reformons notre losange et nous atteignons rapidement la vitesse de la lumière. Autour de nous les photons s'immobilisent. Puis, nous la dépassons. Au revoir les photons. Nous devons bien fuser à dix fois la vitesse de la lumière.
   Le voyage n'est guère distrayant. Le vide, le vide et toujours le vide. Tous les grands explorateurs ont dû connaître cette impression en pleine mer : de l'eau, de l'eau, encore de l'eau et rien à l'horizon pendant des périodes infinies. Du vide, du vide, des années de vide sans doute à l'échelle terrienne. Mais l'enjeu que nous nous sommes fixé et les immenses distances de l'univers ne nous laissent pas le choix. Nous traversons million de kilomètres après million de kilomètres. J'en viens à me demander si nous serons capables de retrouver le chemin du retour. Quand on a commencé à faire une bêtise, il faut aller jusqu'au bout.

Quant à mes clients... qu'ils se débrouillent !

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